Un peu de culture (3)

25 novembre 2008

Pour ce troisième article consacré à la périphérie du Monde d’Aléos, je souhaiterais revenir sur l’occurrence de la figure de l’Arbre dans la Bible, sur laquelle je suis passée un peu trop rapidement à mon goût. Vous pourrez remercier en cela mon prof d’histoire de l’art médiéval, qui pour la première fois en 7 ans a réussi à m’intéresser pour un cours à cette matière.

Il existe une légende autour de la Bible, nommée la Légende de la Croix, sur la permanence de l’Arbre de Vie au travers des âges. Cette légende explique qu’au moment où Adam et Eve sont chassés du Paradis, le Malin conseille à Adam d’emporter avec lui une

De la queue du serpent (tête de canard) sort la branche

branche de l’Arbre de la Connaissance. Arrivé sur Terre, Adam la plante, faisant pousser un arbre malingre, mais qui va suffisamment se développer pour permettre à Caïn, passant par là, d’en casser une branche pour s’en faire une massue dont il tuera son frère Abel.

Puis une poutre est taillée plus tard dans ce même arbre, qui échoue à Nazareth. Mille ans plus tard (on constate la longévité de l’arbre !), Joseph s’en sert pour aller rendre visite  sa promise Myriam/Marie, passant par un terrain relativement marécageux.

Enfin, c’est cette même poutre qui servira à confectionner la barre horizontale de la Croix sur laquelle Jésus sera crucifixié.

Une autre version de la légende raconte qu’Adam n’aurait pas emmené avec lui la branche en quittant le Paradis, mais que, mourrant, il envoie son troisième fils Seth aux portes du Paradis demander un onguent à saint Michel gardant les portes, et que celui-ci lui remet à la place de l’huile de miséricorde les graines de l’arbre du péché, à placer dans la bouche d’Adam, et que lorsque l’arbre donnera des fruits son père sera guéri et sauvé. C’est pourquoi l’iconographie place parfois le crâne d’Adam au pied de la Croix (ici, je vous renvoie au cycle de fresques réalisé par Pierro della Francesca à la basilique Saint-François d’Arezzo en Toscane).

L’Arbre permet donc en quelque sorte de « boucler la boucle » puisque, objet du péché originel, il est aussi l’objet du Salut des hommes par le rachat des péchés par la mort du Christ fils de Dieu sur la Croix.

……….

Le prochain article sera une mise à jour de l’histoire, mais comme cela nécessite un travail de réécriture à chaque fois, je n’en ai pas tellement le temps actuellement. Désolée…

Un peu de culture (2)

7 octobre 2008

Pour ce second opus consacré à l’histoire hors de l’histoire, à des références croisées, j’aborde le thème de l’arbre dans le Bouddhisme.

On trouve de nombreuses références à la figure de l’arbre, physique autant que métaphorique, dans la religion bouddhiste. Et ces références en font autant un outil négatif qu’un symbole d’une pensée positive.

Commençons par l’arbre synonyme de châtiment. Le Bouddhisme considère une série d’Enfers tous plus douloureux et longs les uns que les autres. Parmi ceux-là, il existe les Enfers Avoisinants, au nombre de six, qui entourent les Enfers Chauds. Deux de ces Enfers Avoisinants voient la présence d’arbres comme instruments du supplice du damné. Dans la Forêt d’Epées, le damné se retrouve dans un forêt lorsqu’un grand vent se lève qui secoue fortement les arbres. Leurs feuilles tombent alors en se transformant en une pluie d’épées acérées qui découpent son corps en mille morceaux.

Le second Enfer Avoisinant qui nous intéresse est celui des Arbres Shalmali. Le damné entend la voix de son/sa bien-aimé(e) lui parvenir du sommet d’une montagne recouverte d’arbres. Lorsqu’il entreprend de gravir la montagne, sa chair est déchirée par les épines devenues métalliques des arbres qui sont dirigées vers le bas. Parvenu au sommet, il entend alors les mêmes cris qui proviennent d’en bas, et lorsqu’il redescend, les épines des arbres Shalmali se tournent vers le bas pour lui déchirer une nouvelle fois la chair.

Mais le bouddhisme envisage également, et de façon tout à fait métaphorique, les arbres comme reflet d’une pensée positive. Le Grand Véhicule est une doctrine du bouddhisme faisant suite au Petit Véhicule. Là où ce dernier prône une pratique somme toute égoïste des enseignements – il s’agit d’échapper soi-même au cycle des réincarnations – le Grand Véhicule ouvre la doctrine vers une éthique nouvelle de l’entraide, il s’agit de se libérer soi-même pour le bien de tous les êtres, afin de les aider à se libérer à leur tour. Il est dit que les voies du Grand Véhicule prennent racine dans la grande compassion. « Tout d’abord la racine, puis les excellents fruits, voici comment apparaît le merveilleux arbre de la compassion. Quand la racine de compassion n’existe pas, nul ne peut supporter les rigueurs de la discipline (religieuse) » (texte mDo sDe rGyan). Dans le sPyod’ Jug, on parle également de « l’arbre de l’esprit d’éveil« , dont les fruits ne s’épuisent jamais. L’arbre est une figure de sagesse, il porte en lui des valeurs de don, de générosité. De même, par sa forme puisant dans la terre/le passé/les connaissances ancestrales et s’ouvrant au ciel/à l’avenir/à ses semblables/à la vie, il évoque ce que doit être l’âme humaine assoiffée de savoirs et de sagesse.

Le Bouddha en méditation sous un arbre

Enfin, pour clore cet article, n’oublions pas l’histoire même du Bouddha Siddhartha (le Bouddha de notre ère, celui auquel on fait généralement référence) : la légende raconte que sa mère en accouche sous un sal, grand arbred’Asie du Sud. Plus tard, en tant que jeune prince, il part errer dans le pays, renonçant à sa condition de privilégié pour mieux connaître le monde. Il mène une vie d’ascèse pendant six ans avant de se rendre compte que vivre dans le plus complet dénuement ne lui a pas plus ouvert les portes de la connaissance du monde. Il entreprend alors de méditer, et s’assoit au pied d’un pipal (aussi appelé figuier des pagodes, ou arbre de la Boddhi, Ficus religiosa), faisant le voeu de ne pas bouger avant de toucher à la Vérité. C’est sous cet arbre qu’il atteindra l’Eveil. Cette légende fait du pipal un arbre sacré pour les boudhistes, l’arbre de la sagesse. Par ailleurs, dans les toutes premières représentations, le Bouddha n’était jamais représenté directement mais sous la forme d’un arbre (l’arbre de la Boddhi), ou d’une roue.

Je tiens à remercier pour cet article Fushichô pour m’avoir indiqué des références bibiographiques très utiles (LAMDRE – Une voie complète vers la réalisation de l’état de Bouddha, Tome 1 – La Triple Vision), et pour les corrections et compléments d’info
. Je sais que j’avais promis d’évoquer également Yggdrasil, mais c’est une référence beaucoup plus complexe qui s’est transmise dans beaucoup d’éléments de culture, ce n’est donc pas pour maintenant… A la place je vais faire avancer l’histoire…

Un peu de culture (1)

4 septembre 2008

Aléos, c’est un univers créé de toutes pièces. Mais qui s’inspire de différentes choses. C’est pourquoi je voudrais parler un peu de religion. Je vais essayer de faire ça de façon agréable, que ça soit à la fois intéressant et enrichissant. Je ne vais donc pas envisager les religions et les mythologies une par une, mais avec des thèmes transversaux. Pour attaquer la saga, je parle d’Arbres.

Les arbres/plantes sacré(e)s jouent un rôle important dans de nombreux mythes. Dans les trois grandes religions monothéistes (christianisme, judaïsme, Islam), on a l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Rappel des faits dans la Bible : Adam et Eve sont homme et femme, créés à l’image de Dieu et placés dans le jardin d’Eden, où ils vivent en harmonie avec la nature, innocents, sans conscience. Rousseau parlera plus tard du « mythe du bon sauvage ». Un beau jour, ou peut-être une nuit, un serpent s’approche d’Eve et l’invite à goûter les fruits de l’arbre. Eve incite à son tour Adam à goûter la pomme, qui lui reste en travers de la gorge. Le fruit leur apporte la connaissance, ils prennent conscience de leur nudité, et Dieu les chasse du paradis originel. On peut donc remarquer que la Bible a inventé le machisme en reposant toute la faute du péché originel sur la femme, alors qu’Adam aurait pu refuser d’y croquer (il a été bonne pomme). Passons sur le fait que Dieu est un vicieux parce que s’il voulait pas qu’on touche à son arbre, il avait qu’à pas le mettre là ! Bref, revenons à notre sujet, l’arbre.

On note que dans la Bible, l’Arbre de la Connaissance est au centre du drame qui a conduit à l’humanité telle que nous la connaissons. C’est donc un élément capital sans lequel Dieu ne serait pas Dieu, puisqu’il ne serait pas craint. C’est donc l’Arbre qui a créé Dieu, en quelque sorte. L’histoire ne dit pas pourquoi c’est un pommier…

La prochaine fois, je parlerai d’Yggdrasil, Arbre-Monde de la mythologique scandinave, et de l’arbre dans le Bouddhisme.